Les conférences en détail 2014-2015 |
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Eric Fassin sociologue engagé, professeur à l’université Paris 8, étudie la politisation des questions sexuelles et raciales et l’expérience démocratique. Il est membre du collectif Cette France-là (4 volumes sur la politique d’immigration : 2008-2012). Ses principaux ouvrages : Liberté, égalité, sexualités : actualité politique des questions sexuelles, avec Clarisse Fabre, (Belfond/Le Monde, 2003 - rééd. augm., 10/18, 2004), L’inversion de la question homosexuelle, (éd. Amsterdam, 2005), De la question sociale à la question raciale ? Représenter la société française, avec et sous la direction de Didier Fassin (éd. La Découverte, 2006), Le sexe politique. Genre et sexualité au miroir transatlantique (éd. EHESS, 2009), Homme, femme, quelle différence ? La théorie du genre en débat, avec Véronique Margron (éd. Salvator, 2011), Démocratie précaire. Chroniques de la déraison d'État, (éd. La Découverte, 2012), Roms & riverains. Une politique municipale de la race, avec Carine Fouteau, Serge Guichard et Aurélie Windels (éd. La Fabrique, 2014), Gauche : l’avenir d’une désillusion, (éd. Textuel, 2014).
Argument de sa conférence :
Deux ans après son élection, François Hollande « assume » un tournant néolibéral entamé par le Parti socialiste trente ans plus tôt. Et la déroute dans les urnes vient confirmer la défaite idéologique : le « réalisme » supposé du socialisme de gouvernement le condamne à l’échec. C’est l’effet de sa dérive droitière. Et l’hégémonie de la droite qui en résulte fait obstacle, en retour, à l’émergence d’une gauche de gauche. Comment reprendre la main ? Le socialisme de gouvernement n’est plus à gauche : il convient d’abord d’en prendre acte. Puis d’en finir avec le populisme qui prétend parler au nom du peuple au lieu de lui parler. Il faut encore récuser les représentations opposant les classes populaires aux minorités visibles. Enfin, il faut développer une politique non-gouvernementale : à défaut d’être majoritaire, constituer autour de causes des publics de minorités agissantes. |
Elise Marrou, ancienne élève de l’ENS-Ulm, est agrégée de philosophie et docteure en philosophie contemporaine (thèse sur la résistance du problème du solipsisme dans la pensée de Wittgenstein). Membre associée des Archives Husserl, elle a enseigné à l'université de Paris I, de Paris Ouest Nanterre, au département de philosophie de l'ENS-Ulm. Elle est actuellement rattachée à l’équipe de recherche EXeCO de Paris I, et elle enseigne la philosophie au lycée Benjamin Franklin d'Orléans. Ses principaux ouvrages : - Wittgenstein, De la certitude, Ellipses, 2006 - Collectif « Mythes du donné : Sellars en perspective », Les Études philosophiques, n°4/ 2012
Argument de sa conférence : Lorsque le terme "égoïsme" est introduit dans la langue française, son sens n'est pas seulement moral, il est également métaphysique : il renvoie à la doctrine dénommée peu après "solipsisme" selon laquelle on ne peut être sûr que de sa propre existence. L'habitude a été prise de considérer l'égoïsme théorique comme une étiquette permettant d'identifier une position nettement définie sur l'échiquier des différents systèmes de la pensée moderne. Dans cette conférence, on se proposera de revenir sur cette évidence pour la mettre en question en dégageant les conséquences de l'usage exclusivement polémique de cette catégorie. L'égoïsme est bien une doctrine fantôme, mais l'accusation ne se comprend qu'à la lumière des stratégies de légitimation propres à ceux qui l'accusent. Après avoir explicité la méthode propre à cette enquête, on interrogera plus précisément la perméabilité du sens moral et du sens métaphysique de cette invective philosophique. |
Jean-Pierre Le Goff est sociologue au CNRS et préside le club Politique Autrement. Ses travaux explorent les bouleversements qui entraînent la société française dans une post-modernité problématique. Ses principaux ouvrages : Les Illusions du management. Pour le retour du bon sens (La Découverte, 1996 rééd. 2000) ; Mai 68. L’héritage impossible (La Découverte, 1998 rééd. 2002 et 2006) ; La Barbarie douce (La Découverte, 1999 rééd.2003) ; La Démocratie post-totalitaire (La Découverte, 2002 rééd. 2003) ; La France morcelée (Gallimard, 2008) ; La Gauche à l'épreuve 1968-2011 (Perrin, 2011) ; La Fin du village. Une histoire française, Gallimard, 2012, Grand Prix du livre historique de Provence (2012), Prix Montaigne (2013), Prix du Mémorial - Grand Prix Littéraire d'Ajaccio (2013), Prix Biguet de l'Académie française (2013).
Argument de sa conférence : L’image de la France a été longtemps associée à la vie rurale avec son village et son clocher. Aujourd’hui le divorce est frappant entre cette image et la réalité : à l’ancienne collectivité rude mais solidaire a succédé un nouveau monde ouvert et bariolé où individus et réseaux divers coexistent dans un même ensemble sans projet commun. Les fractures sociales se doublent de fractures culturelles mettant en jeu des conceptions différentes de la vie individuelle et collective. La « fin du village », miroir du mal-être français ? À l’heure du « changement » et de la « mondialisation », entre nostalgie et fuite en avant, quel avenir commun ? |
Alain Fauqueur, diplômé en sciences économiques et en sciences politiques, a développé deux spécialités : - l’analyse et la prévision macroéconomique au Ministère de l’Economie dans les années 70, puis comme économiste résident pour les Nations Unies, à Haïti, au Niger et en Guinée, dans les années 80 ; - les politiques de développement des entreprises pour l’ONUDI, (agence de développement industriel de l’ONU). Dans les années 90, devenu consultant dans ces 2 domaines, il a travaillé pour la coopération européenne pour le Ministère de l’Economie en macroéconomie (ADETEF) puis pour la Commission Européenne. A ce titre il a accompli près de 10 missions en Russie, un peu moins en Ukraine, en Moldavie, Arménie, Bosnie-Herzégovine, à nouveau en Guinée et au Niger et en 2010 en Algérie. Il est engagé aujourd’hui dans l’évaluation des politiques publiques au niveau régional et travaille sur la monnaie et les mécanismes monétaires.
Argument de sa conférence : La conférence traitera autant des monnaies locales que des bitcoins, de l'euro que de la crise financière. Il s’agira de fixer quelques repères pour moins se perdre dans ce labyrinthe. Il y a toujours eu, dans la mécanique du crédit et de la création monétaire, une mise en tension entre la solidarité et la spéculation. A cette tension s’ajoute aujourd’hui un antagonisme profond entre la démocratie et les monnaies virtuelles, cela dans un système qui vacille et nous met en péril. La spéculation est désormais lancée dans une fuite en avant accélérée. 95% des opérations monétaires sont aujourd’hui purement financières et se déroulent dans un silence terrifiant. Faut-il revenir à l’économie réelle ? Et comment ? Sinon faut-il y renoncer ? |
Sophie Wahnich est directrice de recherche au CNRS en histoire et science politique, au TRAM/IIAC de l’EHESS. Spécialiste de la période révolutionnaire, elle travaille sur le rôle des émotions dans la construction des imaginaires et des liens sociaux et politiques dans un rapport passé/présent. Loin de considérer qu’émotions et discours rationnels sont deux sphères distinctes de la vie sociale, elle travaille à montrer leur conjonction dans les processus d’identification, d’invention, de décision.
Ses principaux ouvrages :
Argument de sa conférence : Dans le film V pour Vendetta, V, un survivant, auquel des manipulations médicales dans un camp de rétention ont laissé une puissance vitale surhumaine et un corps brûlé, institue, grâce à son visage masqué, un nouveau courage face au gouvernement et annonce en lieu et place de la peur organisée une nouvelle confiance civile, et ainsi une société capable de reprendre les rênes de son existence. Le 26 germinal an II, Saint-Just affirme que « ceux qui survivent aux grands crimes sont condamnés à les réparer. » Les grands crimes sont ceux qui ont détruit les rapports entre êtres humains, une certaine civilité qui rend les sociétés vivantes et habitables, qui fabrique ce que Saint-Just nomme une « communauté des affections » faite du penchant des hommes à se chercher par affinité et à fonder des liens d’amitié, d’amour, de fraternité, d’hospitalité. Sans confiance civile, les hommes se fuient et ne peuvent plus penser qu’ils sont libres parce qu’ils font lien, ils finissent par croire que les autres sont toujours des obstacles à leur liberté. Ainsi commence le règne de la guerre de tous contre tous, le règne de la peur. Cette conférence fera le lien entre ce film dont le personnage est devenu emblématique et la période de la Révolution française sur cette question de la confiance civile. |
Yves Cusset enseigne la philosophie politique à Sciences-Po Paris. Mais sa double expérience d’enseignant en lycée et de comédien lui a fait découvrir le pouvoir qu’a la scène de faire partager charnellement l’expérience de l’étonnement philosophique. Sous le titre La philo en folie il présente, en association avec la Compagnie Un jour j'irai..., les fruits de cette rencontre entre théâtre et philosophie. Il est l’auteur de nombreux essais (notamment sur Habermas et l’Ecole de Francfort), de La vie rêvée des philosophes, Biographies extravagantes, d’un roman, Socrate de Montceau-les-Mines et de pièces « juste pour rire », qu’il interprète en solo, comme Le Remplaçant, Rien ne sert d’exister et N’être pas né ou en duo, telle :
La philosophie enseignée à ma chouette
A l’origine [en 2008, chez Max Milo] un abécédaire philosophique et humoristique qui, de A comme Amour à Z comme Zen, revisite avec une douce folie nos préoccupations existentielles, ce spectacle, sous la forme d'une vraie-fausse conférence d'université populaire, menée par un duo comique improbable, s'efforce de répondre à quelques questions essentielles : l'homme est-il autre chose qu'un bipède sans plumes ? Dieu existe-t-il ou se contente-t-il de nous le faire croire pour se rendre intéressant ? La vie oscille-t-elle comme un pendule entre la souffrance et l'ennui, ou va-t-elle plutôt dans le sens inverse ? Reste-t-il assez de temps pour regarder le temps passer avant que tout le temps qui reste ne soit passé ?…. |
Arnaud Bouaniche, agrégé et docteur en philosophie, est professeur en classe préparatoire littéraire au lycée Gambetta d’Arras, chercheur à l'UMR "Savoirs, Textes, Langage" de l’Université de Lille 3 et membre associé du Centre International d'Etude de la Philosophie Française Contemporaine de l’ENS/Ulm. Ses travaux portent principalement sur la philosophie française contemporaine de Bergson à Deleuze. Il participe également à l'édition critique des Oeuvres complètes de Bergson aux Presses Universitaires de France. Ses principaux ouvrages : - Gilles Deleuze. Une introduction (Pocket, 2004 ; rééd 2010) - Les Deux sources de la morale et de la religion d’Henri Bergson (avec Frédéric Keck ; Ellipses, 2004)
Argument de sa conférence : C'est un point souvent souligné : la philosophie s'est davantage préoccupée de la mort que de la naissance. Sans doute parce qu'elle ne nous menace pas, il semble y avoir peu à dire de la naissance : révolue, toujours déjà lointaine, figée dans un passé qui n'a jamais été mon présent. Pourtant, il y a dans le fait que l'homme ne vient pas au monde de manière seulement biologique comme un nouvel individu vivant (un de plus), mais comme un être entièrement nouveau, absolument et une fois pour toutes unique, quelque chose dont il faut prendre métaphysiquement toute la mesure, parce qu'il engage peut-être le secret de ce qu'est une vie humaine.
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Pierre Zaoui est Maître de conférences en philosophie et membre du comité de rédaction de la revue Vacarme. Il a notament publié en 2012 avec l’économiste Laurence Duchêne L’Abstraction matérielle. L’argent au-delà de la morale et de l’économie. Le proverbe « plaie d’argent n’est pas mortelle » est ambigu car il exprime, d’une part, le mépris de toute la philosophie classique envers l’argent et, d’autre part, un simple préjugé de riche. Cette ambiguïté repose sur une cascade de confusions ; or, à certaines conditions une certaine indifférence à l’argent est malgré tout envisageable |
Corine Pelluchon est professeure à l'université de Franche-Comté. Elle est spécialiste de philosophie politique et d’éthique appliquée (éthique médicale et biomédicale, éthique animale et éthique environnementale).
Ses principaux ouvrages : · Leo Strauss, une autre raison, d'autres Lumières. Essai sur la crise de la rationalité contemporaine, Vrin, 2005, Prix François Furet 2006 ; · L'Autonomie brisée. Bioéthique et philosophie, PUF, 2009 ; 2ème éd. PUF, collection Quadrige, 2014 ; · Éléments pour une éthique de la vulnérabilité. Les hommes, les animaux, la nature, Le Cerf, 201, Grand Prix Moron de l'Académie française 2012 ; · Comment va Marianne ? Conte philosophique et républicain, François Bourin, 2012 ; · Tu ne tueras point. Réflexions sur l'actualité de l'interdit du meurtre, Le Cerf, 2013 ; · Les Nourritures. Philosophie du corps politique, Le Seuil, 2015. Argument de sa conférence : On proposera une philosophie du « vivre de » qui prenne au sérieux la corporéité du sujet et la matérialité de l’existence. En envisageant tout ce dont nous vivons, non comme de simples ressources, mais comme des nourritures, il s’agira de penser l’habitation de la terre comme une cohabitation avec les autres hommes et les autres espèces. Il s’ensuivra une autre conception de la justice, incluant les intérêts des générations futures et des autres espèces dans la définition du bien commun. On tirera les conséquences politiques d’une telle philosophie en proposant un nouveau contrat social qui inscrive la question animale et l’écologie au cœur de la République et permette à la démocratie de se réinventer. |
Claude Habib, ancienne élève de l'E.N.S de Fontenay-aux-Roses, est professeure de littérature à l’université de Paris 3 - Sorbonne Nouvelle, dont elle dirige le Centre Rousseau. Elle est spécialiste du XVIIIe siècle. Ses premiers travaux ont porté sur la question de la différence des sexes chez Rousseau, et particulièrement sur la notion de pudeur féminine – une notion qui tend à devenir étrangère à la société contemporaine, où elle est souvent tenue pour un préjugé anti-égalitaire.
Ses principaux ouvrages :
- La Pudeur : la réserve et le trouble (Autrement, 1992) - Le Consentement amoureux : Rousseau, les femmes et la cité (Hachette Littérature, 1998) - Pensées sur la prostitution (Belin, 2000) - Galanterie française (Gallimard, 2006) - Un Sauveur, roman (de Fallois, 2008) - Eduquer selon la nature : seize études sur Emile de Rousseau (dir. - Desjonquères, 2012) - Le Goût de la vie commune (Flammarion, 2014)
Argument de sa conférence :
Il est devenu difficile, si ce n’est impossible, de définir le féminin, bien que nous ayons communément une appréciation de ce qui est féminin et de ce qui ne l’est pas. La hantise de tomber dans le préjugé, voire de favoriser la discrimination, creuse un fossé entre l’expérience humaine courante et ce qui est licite et dicible. On cherchera à retracer les étapes et les raisons d’une censure progressive, pour mieux comprendre ce qui reste aux femmes de possibilités et de choix. |