Les conférences en détail 2013-2014 |
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Bertrand Ogilvie est philosophe et psychanalyste. Ancien directeur de programme au Collège international de philosophie, il est Maître de conférences à l’Université de Paris 8 – Saint-Denis. Ses principaux travaux : - L’homme jetable. Essai sur l’exterminisme et la violence extrême (préface d’Etienne Balibar ; Ed. Amsterdam, 2012), - La Seconde nature du politique. Essai d’anthropologie négative (préface de Pierre Macherey ; L’Harmattan, 2012), - Lacan. La formation du concept de sujet (PUF, 2005). - Très nombreux articles dans diverses revues, dont Critique, Les Temps Modernes, Vacarme et Le Passant Ordinaire. · Collaboration à l’édition des Œuvres de Fernand Deligny (L’Arachnéen, 2007). Argument de sa conférence :
Contrairement à ce que l'usage trompeur des mots veut nous faire croire, la globalisation contemporaine est plutôt une démondialisation qu'une mondialisation, et cette destruction progressive des mondes s'appuie sur le fantasme imaginaire d'une toute-puissance contre laquelle les politiques traditionnelles peinent à trouver des forces de résistance. On réfléchira à l'intérêt d'allier la puissance des images à la pertinence des concepts. |
Yannis Constantinidès, ancien élève de l’Ecole Normale Supérieure, agrégé et docteur en philosophie, enseigne actuellement dans le secondaire à Paris et assure des formations en éthique médicale dans diverses institutions. Il tient depuis peu un blog sur le site de Philosophie Magazine : http://www.philomag.com/blogs/le-corps-dans-tous-ses-etats.
Ses principaux ouvrages : Auteur de nombreuses études sur Nietzsche, il lui a notamment consacré une anthologie commentée : - Nietzsche. Les textes essentiels (Hachette, 2001) et deux ouvrages personnels : - Nietzsche l’Éveillé (Ollendorff & Desseins, 2009) - Le Nouveau culte du corps (François Bourin, 2013). Il a également publié en 2013 chez Mille-et-une-nuits une édition de Vertus de femmes de Plutarque (traduction révisée, notes et postface).
Argument de sa conférence :
Notre époque voue un véritable culte au corps, l’exposant partout, s’inquiétant de sa santé et de son état de forme, guettant avec angoisse le moindre signe de déclin de ses forces ou de son charme. Le corps jeune, beau, sportif est ainsi devenu un idéal universel, l’icône ultime d’un monde privé de transcendance. L’ancienne « machine », que l’on regardait avec condescendance ou même mépris, a pris la place de l’âme dans l’économie du salut : on mise désormais tout sur son corps, dans une sorte de pari pascalien inversé. Faut-il se féliciter de cet apparent retour au paganisme ? A-t-on enfin redonné ses lettres de noblesse au corps après des millénaires d’occultation ? Rien n’est moins sûr. Si l’on y regarde de près, le culte qu’on lui rend est éminemment ambigu ; ce que l’on célèbre en réalité, c’est le corps éthéré, sans âge, sans poils, sans rides, le corps sans chair en somme. Comme si ses limites naturelles restaient toujours aussi difficiles à accepter… |
Peter Szendy, est maître de conférences au département de philosophie de l’université de Paris-Ouest Nanterre et conseiller musicologique pour les programmes de la Cité de la musique. Visiting Fellow à l’université de Princeton en 2012, il a enseigné au département de musique de l’université Marc-Bloch de Strasbourg de 1998 à 2005. Il a également été rédacteur en chef des publications de l’Institut de Recherche et Coordination Acoustique/Musique (IRCAM), de 1996 à 2001.
Ses principaux ouvrages :
- A Coups de points. La ponctuation comme expérience (Minuit, 2013), - L’Apocalypse-cinéma. 2012 et autres fins du monde (Capricci, 2012), - Kant chez les extraterrestres. Philosofictions cosmopolitiques (Minuit, 2011), - Tubes. La philosophie dans le juke-box (Minuit, 2008), - Sur écoute. Esthétique de l’espionnage (Minuit, 2007) - Les Prophéties du texte-Léviathan. Lire selon Melville (Minuit, 2004), - Membres fantômes. Des corps musiciens (Minuit, 2002), - Ecoute. Une histoire de nos oreilles (Minuit, 2001).
Argument de sa conférence : La conférence s'appuiera sur des textes de Nietzsche ("Conversation sur la musique", dans Aurore, et la préface au Crépuscule des idoles) ainsi que de Foucault (Naissance de la clinique et Surveiller et punir) pour analyser l'écoute en tant qu'auscultation, marquage, ponctuation de l'autre et par l'autre. On cherchera à dégager les enjeux de pouvoir qui se logent dans une activité qui n'en est presque pas une, tant elle se présente plutôt comme une passivité discrète et accueillante. |
Laurent Bove est professeur émérite de philosophie à l’Université de Picardie et membre du comité de rédaction de la revue Multitudes. Il contribue également, avec Yves Citton et Frédéric Lordon, à un programme de recherche spinoziste en sciences sociales, notamment autour de la revue Caute, dont il est l’un des codirecteurs.
Ses principaux ouvrages : - Vauvenargues ou le séditieux. Entre Pascal et Spinoza, une philosophie pour la seconde nature (Honoré Champion, 2010), - avec Catherine Secrétan et Tristan Dagron (dir.), Qu'est-ce que les Lumières Radicales. Libertinage, athéisme et spinozisme dans le tournant philosophique de l'âge classique (Éditions Amsterdam, 2007), - Albert Camus. De l’absurde à l’amour (avec André Comte-Sponville et Patrick Renou, La Renaissance du livre, 2001), - La Stratégie du conatus. Affirmation et résistance chez Spinoza (Vrin, 1996). - A paraître à l’automne 2013 : Albert Camus. De l’Homme absurde à l’Histoire.
Argument de sa conférence : Lire Camus au-delà de la « philosophie de l’absurde » et de l’image sartrienne d’un « moraliste » tourné contre l’Histoire, tel est le projet de cette conférence, qui revisitera l’œuvre en éclairant ses soubassements immanentistes et sa critique radicale de la modernité. Son fil d’Ariane sera une philosophie du corps déchiffrée à travers le récit de L’Étranger et les peintures du Christ de Piero della Francesca que Camus admirait. On essaiera de montrer qu’il y a encore, pour nous, aujourd’hui, dans l’expérience singulière et l’œuvre courageuse d’Albert Camus, de quoi penser et résister. |
Gisèle Berkman est directrice de programme au Collège international de philosophie, dont elle est l’une des vice-présidentes, chargée des relations internationales. Son programme de recherches s’intitule « La pensée à l’œuvre : écritures de la pensée, des Lumières à l’extrême contemporain ». Elle est membre du Comité de rédaction de la revue Po&sie, et membre du Conseil d'administration de la Maison des Ecrivains et de la Littérature. Ses principaux ouvrages : - Filiation, origine, fantasme, les voies de l’individuation dans Monsieur Nicolas ou le coeur humain dévoilé de Rétif de la Bretonne, (Honoré Champion, 2006) ; - L’Effet Bartleby. Philosophes lecteurs (Hermann, 2011) ; - La Dépensée (Fayard, 2013). Argument de sa conférence : Un profond discrédit frappe aujourd’hui l’activité de pensée, dans une société où la pensée ne trouve plus, ni les lieux où s’exercer, ni les « larges tranches de temps » (Rimbaud) où se déployer, ni même les mots dans lesquels se formuler. Cette crise sans précédent de la pensée met en péril le projet même de ces Lumières (« sapere aude » : « ose connaître ») dont nous nous prétendons encore les héritiers. Peut-on « s’orienter dans la pensée » (Kant) à l’heure du « temps de cerveau humain disponible », de la marchandisation des biens culturels et des « éléments de langage » ? Comment faire consister nos pensées à l’ère de ce qu’on appelle, sans doute malencontreusement, le virtuel ? |
Daniel Liotta est professeur agrégé de philosophie en classes préparatoires littéraires (hypokhâgne et khâgne) au Lycée Frédéric Mistral d’Avignon.
Ses principaux ouvrages : - Cours de métaphysique moderne (Hermann, 2013) ; - Pourquoi bavarder ? (Aléas, 2009) ; - Qu’est-ce qu’une reprise ? Deux études sur Foucault (Transbordeurs, 2007).
Argument de sa conférence :
Selon Michel Foucault le danger lié à ce qu’il nomme la médicalisation sociale naît du programme d’une « médicalisation infinie » de l’existence. Ce programme, qui émerge en Europe au 18ème siècle, développe une politique de la norme. Or le point de vue de l’idéal normatif et du respect de la moyenne conduit à considérer comme « risque » et, plus encore, comme « danger » ce qui entrave ou conteste cet idéal, ou modifie certaines moyennes. Cette conception normative de la dangerosité est elle-même politiquement dangereuse. En effet rien ne peut transgresser la norme, puisque même ce qui conteste l’idéal ou bouscule la moyenne peut être intégré dans la pensée de l’idéal ou de la moyenne, ne serait-ce qu’au titre du déficient ou de l’ « anormal ». Il ne s’agit cependant pas de contester frontalement et globalement la médicalisation de la société mais d’indiquer des stratégies de résistance, voire de « risque » assumé, et de faire valoir l’idée de normativité comme déploiement singulier de puissance vitale. On s’efforcera de suivre le cheminement de la pensée de Foucault sur cette question tout en repérant les éléments de l’actualité sociale et médicale qui peuvent être interprétés dans l’optique de sa réflexion. |
Conférence d'Olivier Mongin : « De quoi rions-nous ? » Variations sur le corps comique.
On rit plus que jamais. Mais de quoi rions-nous ? Et comment rions-nous ? Alors que la télévision formate le rire parfois en toute médiocrité, des artistes du rire arpentent avec bonheur la scène hors des studios. Le rire demeure cet exercice corporel et langagier qui renvoie à une manière d'être ensemble et de faire corps. Après s‘être interrogé sur les ressorts corporels du rire et avoir rappelé les interdits du rire dans l’histoire, on abordera l’évolution des comiques au XX° siècle et les thèmes des comiques contemporains. Editeur et écrivain. Directeur de publication de la revue Esprit. A publié notamment : au Seuil une trilogie sur Les Passions démocratiques [La peur du vide (1991), La Violence des images (1997) et Eclats de rire. Variations sur le corps comique (2002)] ; chez Hachette Littératures : Buster Keaton. L’étoile filante (1996) et De quoi rions nous ? (coll. Pluriel, 2007) ; respectivement au Seuil et chez Fayard : La Condition urbaine. La ville à l'heure de la mondialisation (2005) et La Ville des flux. L’envers et l’endroit de la mondialisation urbaine (2013). |
Christophe Prochasson est historien. Directeur d'études à l'Ecole des hautes études en sciences sociales. Ses recherches portent sur l'histoire culturelle et politique de la France des XIXème et XXème siècles, et plus particulièrement sur l’histoire des intellectuels, sur l’histoire socio-culturelle de la IIIème République (surtout sur l’histoire du socialisme français) ainsi que sur l’histoire socio-culturelle de la Première Guerre mondiale. Ses principaux ouvrages :
- Les intellectuels, le socialisme et la guerre [1900-1938] (Seuil, 1993) - Saint-Simon ou l’anti-Marx (Perrin, 2005), - 14-18. Retours d’expériences (Tallandier, 2008), - La Gauche est-elle morale ? (Flammarion, 2010). - François Furet. Les chemins de la mélancolie (Stock, 2013).
Argument de sa conférence :
A l'heure où l'on s'interroge beaucoup sur la doctrine qui anime la politique mise en œuvre par le président de la république, politique qu’il définit lui-même comme "social-démocrate", il est utile de tenter de se retrouver dans le maquis doctrinal qui fit toute l'histoire du socialisme. Mais le socialisme n'a pas été qu’une doctrine, il fut aussi à sa manière une morale et, comme l'écrivait Léon Blum lui-même, une religion. On reviendra sur l'ensemble de ces définitions possibles où virevoltent les mots "réforme", "révolution", "social-libéralisme", "collectivisme", "communisme", etc. |